Pilule et décalage horaire : mode d’emploi

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Qui ne s’est pas déjà posé 10 000 questions pour savoir comment gérer sa prise de pilule contraceptive alors qu’elle rentre en France ? Surtout si résonne dans la tête la reco médecin « Surtout respectez l’horaire ! Faites attention ! ». Heureusement quelques conseils permettent d’éviter les angoisses et peut-être aussi d’éventuels « bébés jet-lag »…

Un peu de vocabulaire d’abord :

Il existe plusieurs familles de pilules contraceptives et chaque famille a sa reco, pas facile sauf à être très attentif et à bien lire les boîtes et notices…

Pour savoir à quelle famille appartient votre pilule, lisez sa composition. Je ne donne pas le nom de la pilule mais seulement le nom des molécules qui la composent. Ce sont des noms valables dans toutes les langues alors que la marque peut changer en traversant les frontières.

  • Famille des CP

    pour pilule progestative composée d’une seule molécule progestative,

    • Soit le désogestrel; je la noterai en abrégé CP-D dans mes conseils plus bas (en France Antigone, Cerazette, Calreal, Desopop, Diamillia, Optimizette, appréciez la poésie des noms !)
    • Soit le levonorgestrel (en France Microval) ; je la noterai CP-L dans mes conseils plus bas.
  • Famille des COP

    pour pilule « œstro-progestative » composée de 2 molécules, l’une est un œstrogène et l’autre un progestatif ; elle se divise en 2 grandes sous-familles selon le type du progestatif utilisé:

    • Ethinylestradiol + levonorgestrel (dite pilule de 2ème génération)
    • Ethinylestradiol + désogestrel ou gestodène (dites pilules de 3ème génération ; pilules qui, pour info, augmentent de 70% le risque de caillot veineux par rapport aux pilules de 2ème génération)
    • Une toute petite sous-famille : éthinyestradiol + acétate de ciprotérone (Diane et génériques qui ont le même profil risque que la sous-famille des 3ème générations)

Là, je suis obligée de faire une petite digression « risque veineux »

Les femmes sous pilule contraceptive ont entre 3 et 6 fois plus de risque de faire une thrombose veineuse (phlébite ou embolie pulmonaire) qu’une femme qui ne prend pas de pilule contraceptive.

Ce risque est maximum la 1ère année de contraception, surtout avant l’âge de 30 ans (là, on est plus près d’un risque X 6)

Mais ce risque se maintient tout au long de la vie, quel que soit l’âge (même s’il « redescend » à X 3)

Et je suis bien obligée d’en parler parce que voyager en avion sur un long trajet, ça augmente encore le risque…aïe ! J’en parle un peu plus loin.

Maintenant que vous savez à quelle famille appartient votre pilule, CP (et ses variantes CP-D et CP-L) ou COP, voici les conseils à suivre pour gérer sans souci un décalage horaire.

D’abord le B.A.BA. pour étourdie

  • On n’oublie pas sa pilule à la maison! On la prépare et on pense même à en prendre une plaquette d’avance. On ne sait jamais…
  • On prend sa plaquette avec soi en cabine (avec la prescription écrite) : on ne la met pas en soute ! sauf la plaquette de secours …
  • On est archi-prudente : on prévoit une boîte de préservatifs, au cas où…
  • On est archi-prévoyante : on emporte aussi une contraception d’urgence comme ça, en cas de doutes, on peut les balayer sans stresser (voir explications plus loin dans ce post)

La meilleure technique : AN-TI-CI-PER !

Je décale ma pilule d’1 heure par jour AVANT mon départ.

  • En hiver pour aller à Paris, le décalage est de 7heures, donc je commence à décaler ma prise 7 jours avant de partir : si je la prends tous les matins à 6 :30 AM, je recule à 7 :30 AM, puis 8 :30 AM, etc jusqu’au jour du départ où ce sera 13h30 (soit 6:30 AM à Paris. Alors en sortant de l’avion à Paris, à 6h30, je prends ma pilule…d’où l’importance de l’avoir avec si en cabine !)
  • Et si je suis du soir, je décale ma prise en remontant dans le temps (ben, oui, on ne va quand même pas se lever à 2h du matin juste pour avaler un comprimé, non ?) : 22h, 21h, 20h, 19h, 18h, 17, 16h et voilà, le tour est joué. 16h à Singapour, c’est 9h du matin à Paris en hiver. Et c’est donc à 9h du matin heure de Paris que je prendrai ma pilule en sortant de l’avion.

Autre technique : jongler avec les horaires en retenant tout d’abord un grand principe valable selon la famille de pilule :

  • Pilule COP ou CP-D = JAMAIS PLUS de 36H entre 2 comprimés
  • Pilule CP-L = JAMAIS PLUS de 27h entre 2 comprimés

Bon, ça c’est un principe mais comment fait-on en pratique ?

Accrochez-vous, ça dépend dans quel sens vous voyagez ! Mais ce n’est pas si compliqué que ça…

  • Pour une pilule COP ou CP-D
    • Dans le sens Singapour vers Paris (ou Est vers Ouest)

(Ce que je dis là, ça marche aussi pour n’importe quel voyage vers l’Ouest bien sûr ! Amies suisses, belges, marocaines, ivoiriennes, vous êtes mes amies aussi, n’est-ce pas ?)

Vous ne changez rien à vos horaires : l’heure de prise locale en France (ou Belgique, ou Suisse, ou Maroc, ou Côte d’Ivoire, etc) = l’heure de prise à Singapour. Attention à juste vous assurer qu’il n’y a pas plus de 36h entre vos 2 prises avant départ et à l’arrivée.

    • Dans le sens du retour: Paris vers Singapour (ou Ouest vers l’Est)

Idem : vous ne changez rien à vos horaires: on prend ses comprimés exactement à la même heure. Si c’était 7h du matin à Paris (heure locale), on continuera 7h du matin à Singapour (heure locale). Si vous notez bien, ça fait prendre 2 comprimés assez rapprochés, mais ça ne pose aucun souci.

  • Pour une pilule CP-L (Microval)
    • Dans le sens aller Singapour vers Paris (ou Est vers l’Ouest)

Prenez 1 comprimé à l’arrivée (par exemple 9h du matin heure de Paris), peu importe votre horaire de prise à Singapour (mais JAMAIS plus de 27h entre le dernier comprimé avalé à Singapour et le 1er avalé en sortant de l’avion) ; puis continuez sur ce même horaire (9h du matin) tous les jours suivants.

    • Dans le sens du retour: Paris vers Singapour (ou Ouest vers l’Est)

Vous ne changez rien à vos horaires de France : on prend ses comprimés exactement à la même heure. Si c’était 7h du matin à Paris (heure locale), on continuera 7h du matin à Singapour (heure locale). Si vous notez bien, ça fait prendre 2 comprimés assez rapprochés, mais ça ne pose aucun souci.

Et pour résumer, un petit tableau

Je prends

Je voyage dans le sens

EST vers OUEST

Je voyage dans le sens

OUEST vers EST

Pilule COP (oestro-progestative) Je ne change pas mes horaires de prise sans dépasser 36h depuis mon dernier cp Je ne change pas mes horaires de prise
Pilule CP-D Je ne change pas mes horaires de prise sans dépasser 36h depuis mon dernier cp Je ne change pas mes horaires de prise
Pilule CP-L (Microval) Je prends 1 cp à l’arrivée (sans dépasser 27h depuis mon dernier cp) Je ne change pas mes horaires de prise

 

 

Autres conseils utiles quand on voyage et qu’on prend une pilule

Le décalage horaire, ça peut perturber le tube digestif…à moins que votre tube digestif ne fasse de mauvaises rencontres ! Alors…

  • En cas de vomissements dans les 3h qui suivent la prise de pilule : on reprend tout de suite 1 cp
  • En cas de diarrhée importante (type tourista, le truc qui fait qu’on se vide ; pas les petites selles mollasses liées à l’inconfort du jet-lag) : reprendre 1 cp dans la même journée puis poursuivre ses horaires habituels
  • Et au moindre doute, on ajoute une contraception mécanique, ceinture et bretelles : préservatifs jusqu’au début de la plaquette suivante.

 

On n’oublie pas que PILULE + LONG TRAJET ASSIS = RISQUE ++++ de thrombose veineuse

Pour tout voyage de plus de 6h, dès lors qu’on prend une pilule contraceptive, on DOIT PORTER une CONTENTION classe 2 (chaussettes ou bas ou collants ; je recommande plutôt les bas autofixants histoire de ne pas avoir le ventre boudiné). Et (je n’ai aucun intérêt chez eux, mais allez voir le site espace-contention.com ; vous y trouverez votre bonheur facilement, bien mieux qu’à Singapour ; il y aura toujours une Sing Nana qui revient de Paris pour vous rapporter votre précieux et indispensable sésame ! Prenez vos mesures le matin au réveil, surtout pas en fin de journée !)

Avec en bonus, mon conseil d’habituée : au départ de Singapour, mettez vos collants/ bas/ chaussettes dès le matin du vol. Cela permettra au cours de la journée d’éliminer déjà une grande quantité d’eau stockée dans vos jambes et vous évitera, pendant le vol, de vous lever toutes les heures !

Et un dernier conseil : pas d’alcool le jour du vol ni pendant le vol ! L’alcool dilate les veines et augmente encore le risque de thrombose. L’association pilule + long voyage assis + aucune contention + alcool = danger maximum !

Un dernier mot sur la contraception d’urgence

Quand on a un gros doute sur sa contraception en cours (cp oublié, préservatif rompu, vomissements, diarrhée importante), la contraception d’urgence dite aussi « du lendemain » suit ce protocole :

  • Médicament utilisé : levonorgestrel (NORLEVO en France)
  • Dosage : 1,5 mg (soit 1 cp)
  • Timing : le plus tôt possible après le rapport non protégé
  • Utiliser des préservatifs jusqu’à l’apparition des règles suivantes
  • Reprendre sa pilule habituelle le 1er jour des règles suivantes
  • Inconvénients : possibilité de nausées (23%), vomissements (8%), petits saignements
  • Bon à savoir : le NORLEVO est disponible sans ordonnance en pharmacie en France

 

 

 

 

 

On vous a dit « Mycoplasme » ? Ah bon ?

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Déjà, on commence par une petite mise au point : on dit « Mycoplasme pulmonaire » (Mycoplasma pneumoniae précisément. Le « mycoplasme tout-court », ça n’existe pas ! OK ? « Mycoplasme » (avec une majuscule) c’est un peu le nom de famille et pneumoniae son prénom; et la famille est grande ! Sans le prénom, on ne sait pas de qui on parle ! Si je vous parle de Mycoplasme pulmonaire ici c’est pour 2 raisons : (1) on en parle bien trop à Singapour et (2) une étude chez les moins de 18 ans vient de sortir qui démontre avec rigueur que le Mycoplasme pulmonaire n’est pas si fréquent que ça. Si vous voulez creuser le sujet, je vous propose 3 publications.

De quel type d’étude s’agit-il ?

Une étude d’observation (dite prospective) menée en Norvège. On a défini des critères très précis que devaient présenter les patients pour être inclus dans l’étude. Ici il s’agissait de patients âgés de moins de 18 ans, atteints de pneumonie et vus par un médecin de ville ou hospitalisés. L’objectif était de rechercher précisément le germe responsable de la pneumonie : virus, si oui lequel? Pneumocoque ? Autre bactérie ? Il fallait un grand nombre de patients pour que les résultats puissent être généralisés.

Quels patients ont été inclus dans l’étude ?

En tout, 265 patients âgés de moins de 18 ans et qui tous présentaient des signes francs et indiscutables de pneumonie c’est-à-dire : fièvre au-dessus de 38°C, une respiration accélérée (tachypnée) ou des signes objectifs de fatigue respiratoire (rétraction thoracique) et une image nette de pneumonie sur la radiographie pulmonaire. Il faut souligner que 85% d’entre eux avaient été vaccinés contre le Pneumocoque (Prevenar© chez l’enfant).

Et qu’a trouvé cette étude?

Sur les 265 patients, les responsables étaient surtout et avant tout des virus  : ils avaient contaminés près de 2 patients sur 3 (63.4%). Pour le reste, on retrouve un Pneumocoque dans 1 cas sur 10 et aucun germe identifiable dans 1 cas sur 6. Quant au Mycoplasme pulmonaire, il était le plus rare : seulement 1 cas sur 13. Mais avec une grande inégalité : il est quasi absent avant l’âge de 5 ans mais au-dessus de l’âge de 5 ans, il représente 40% des germes trouvés. On en déduit donc que quel que soit l’âge, le diagnostic de Mycoplasme pulmonaire ne doit pas être la première hypothèse. Seulement la 2nde hypothèse chez un patient âgé de plus de 5 ans et seulement la 3ème ou 4ème chez le tout petit de moins de 5 ans.

Alors finalement, c’est vraiment rare ce Mycoplasme pulmonaire ?

Oui et non ! Si on parle des seules infections qui rendent vraiment malade : une pneumonie, une otite, une trachéo-bronchite, une laryngite, toutes ces pathologies sont d’abord causées par d’autres germes que le Mycoplasme pulmonaire. Le Mycoplasme pulmonaire est donc plutôt rare. Sauf que 40% de pneumonies dues au Mycoplasme pulmonaire, c’est un chiffre élevé : c’est donc fréquent mais pas le plus fréquent, vu ?  En revanche, si on recherche le Mycoplasme pulmonaire chez des personnes qui n’ont aucun signe de maladie, on le retrouve assez souvent dans la sphère nez-gorge-oreilles: il existe donc des porteurs sains. Ce sont soit des personnes qui se sont défendues contre le germe sans jamais développer de maladie, soit des personnes qui ont été malades il y a plusieurs semaines ou mois. Car cette bactérie présente la particularité de pouvoir persister quiescente (silencieuse) dans le corps plusieurs semaines ou mois après une infection aiguë. C’est ainsi qu’on estime à 20% le nombre d’adultes qui sont porteurs sains de Mycoplasme pulmonaire : et 20% c’est très fréquent !

Et on peut l’attraper facilement ?

Oui et non. Disons que croiser dans la rue ou au bureau une personne porteuse saine ne suffit pas. Ce germe demande un contact étroit, rapproché entre 2 personnes et suffisamment prolongé. C’est donc en famille que ça se passe, ou bien en internat ; on a aussi des épidémies dans des casernes ou des couvents. Et en tout cas, les clims n’y sont pour rien du tout ! D’autant plus que le Mycoplasme pulmonaire survit moins bien dans un air asséché (par exemple un air climatisé) que dans un air chargé en humidité. Malgré tout, même avec un contact étroit et prolongé, le taux de transmission est faible : on peut y échapper même en famille ! Et puis un avantage du Mycoplasme pulmonaire c’est que seulement 3 à 10% des personnes contaminées développeront une pneumonie ! Tous les autres pourront avoir soit des signes a minima parmi ceux cités juste après, soit aucun signe du tout !

Comment reconnaître les signes d’infection à Mycoplasme pulmonaire?

Les signes sont nombreux et aucun n’est spécifique de cette bactérie. Puisque son prénom est « pulmonaire », il s’agit de signes respiratoires avant tout ! Chez l’enfant, cela peut commencer par une laryngite (« croup » ici), une voix rauque, un mal de gorge, une trachéo-bronchite, parfois une otite moyenne, puis une toux sèche par quintes, qui gênent autant la nuit que le jour, le tout avec une fièvre entre 38 et 39°C. Voilà pour les signes respiratoires. Et surtout, il y a toujours des signes radiologiques qui finissent par apparaître, pas  forcément tout de suite mais à retardement parfois de plusieurs jours ou dizaine de jours. Sans un ou plusieurs de ces signes, le diagnostic d’infection à Mycoplasme est très improbable. D’autres signes peuvent s’ajouter : mal de tête, douleurs articulaires, fatigue (mais elle a bon dos la fatigue ! Toutes les fatigues ne sont pas des infections Mycoplasme pulmonaire, et notamment une fatigue sans aucun signe respiratoire doit faire rechercher un autre diagnostic) et même aussi nausées et vomissements. Vous voyez, le spectre est large !

Faut-il faire une prise de sang ou un prélèvement ?

Le seul moyen d’être sûr à 100% que c’est une infection à Mycoplasme serait de faire 2 prises de sang à 2 ou 3 semaines d’intervalle, la première ne devant pas avoir lieu trop tôt après le début des symptômes. Une augmentation du taux d’anticorps de type IgM (X4) ou IgG signe l’infection à Mycoplasme pulmonaire. Et c’est le seul moyen recommandé par les protocoles internationaux. Cela dit, les protocoles ne sont pas butés : et il a été noté que c’est contraignant et compliqué en pratique de faire 2 prises de sang espacées. D’autres tests ont donc été développés qui ne requièrent qu’une seule prise de sang. Mais le titre d’anticorps mesuré doit être confronté à la clinique : si le patient ne présente aucun des signes que je décrivais plus haut, alors ce dosage élevé correspond sans doute à une infection ancienne ou à un portage sain : nul besoin de traitement ! On ne traite JAMAIS une prise de sang ! On traite un malade, c’est à dire une personne qui présente indiscutablement des signes et symptômes qui font penser à une infection à Mycoplasme pulmonaire et qui, en plus, a un dosage d’anticorps élevé.

 

Alors le traitement, c’est quoi et pour quels cas ?

Le traitement sera réservé uniquement aux cas de pneumonie telle que je l’ai décrite plus haut avec ou sans la prise de sang. Pour tous les autres cas, l’abstention est recommandée car l’infection à Mycoplasme pulmonaire guérit quasiment toujours spontanément. Et si cela s’aggravait, il serait toujours temps de démarrer un traitement sans que ce retard à démarrer un traitement compromette les chances de guérison et de récupération. Au contraire, le retard peut permettre de faire éclore des signes plus francs, plus évidents qui seront d’une grande aide au diagnostic. D’ailleurs, dans l’étude norvégienne citée au début de ce post, la moitié des enfants de moins de 5 ans n’a reçu aucun traitement malgré les signes évidents de pneumonie : et tous ont guéri ! Comme quoi le traitement n’est vraiment pas une obligation, en tout cas ne nécessite pas de se précipiter.

Et quel traitement ?

La classe d’antibiotiques efficaces est les macrolides. Le traitement recommandé est l’érythromycine. Seulement voilà, c’est compliqué à prendre, tout plein d’effets secondaires pas sympas et surtout contre-indiqué chez l’enfant de moins de 7 ans. Donc on lui préfère l’azithromycine (Zithromax) sur une durée de 6 à 14 jours selon les protocoles ou la clarithromycine (Klacid ici) sur 15 jours. Mais attention : cela uniquement pour la pneumonie à Mycoplasme pulmonaire pas pour les autres cas ! Car les autres cas, d’abord, on n’aura jamais la certitude que c’est un Mycoplasme pulmonaire (même avec une prise de sang) et ensuite, le Mycoplasme se guérira tout seul !

 

Et si on donnait un traitement antibiotique préventif ?

Pas question ! Pour être honnête, ça a été étudié mais ce n’est pas du tout recommandé. Car le risque serait grand que le Mycoplasme pulmonaire, à force de rencontrer des antibiotiques, se développe une carapace et devienne résistant. Comme le disait la campagne de l’assurance maladie en France il y a quelques années : « les antibiotiques, c’est pas automatique ! ».

Voilà, vous savez tout sur l’infection à Mycoplasme pulmonaire. Vous pouvez en savoir encore plus en lisant les articles que j’ai listés en biblio.

Et un dernier mot : vous avez le droit de challenger le médecin qui vous affirme en voyant votre prise de sang : « it’s a Mycoplasm ! » comme s’il avait trouvé le graal et qui vous sort une splendide prescription d’antibiotique ! Posez –lui des questions. Demandez-lui pourquoi. S’il vous sent réticent, il proposera peut-être de différer le traitement et d’attendre d’autres signes plus marqués.

Ceux qui me connaissent savent que ça me travaillait depuis longtemps de dire la vérité sur cette infection à Mycoplasme pulmonaire et de prendre sa défense car je trouve qu’il fait un coupable un peu trop idéal, on le met partout, à toutes les sauces et les prescriptions d’antibiotiques qui en découlent représentent à long terme une menace de santé publique. Notre panel d’antibiotiques efficaces est trop petit pour le galvauder…

Bibliographie (des centaines d’articles et études ont été publiés; je n’en ai retenu que les revues les plus parlantes, outre l’étude norvégienne)

  • Waites B et Talkington D. Mycoplasma pneumoniae and its role as a human pathogen. Clin Microbiol Rev. 2004; 17 (4) : 697-728. Texte intégral ici
  • Berg AS et al. Etiology of pneumonia in pediatric population with high pneumococcal vaccine coverage. A prospective study. Pediatr Infect Dis J. 2016; 35:e69-e75
  • Meyer Sauteur PM et al. Antibody responses to Mycoplasma pneumoniae : role in pathogenesis and diagnosis of encephalitis? PLoS Pathog. 2014; 10(6): e1003983. doi:10.1371/journal.ppat.1003983
  •  Le point de vue de Santé Canada ici

Coup de foudre à Singapour

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Le saviez-vous ? Singapour est l’endroit où l’on compte le plus de coups de foudre. Je sens que les célibataires se réjouissent déjà d’autant qu’ils auront peut-être entendu parler de la fièvre jaune (que certains couples meurtris nommeront plutôt péril jaune). Même s’il y a sans doute matière à dire sur les liens étroits entre santé et coup de foudre, je vais laisser de côté la métaphore et rester bien plus terre à terre ou plutôt ciel à terre pour parler des orages à Singapour. Il y a tout de même quelques bonnes raisons d’en parler et d’apprendre à s’en protéger. Apprenez surtout à vos enfants à mesurer les risques, je pense notamment à tous ceux qui circulent en vélo entre chez eux et leur école.

Quels risques à Singapour ?

Majeurs car Singapour est située dans l’une des 6 zones du globe les plus touchées par la foudre : je n’ai pas réussi à trouver le nombre d’impacts par an. Mais en nombre de jours d’orage, c’est plus d’un jour sur deux avec 168 jours d’orage par an. Avec un gros pic en Avril et Mai (en moyenne 19 jours d’orage dans le mois) un 2ème pic à peine moins marqué en Octobre et Novembre (18 jours par mois). Les mois les plus calmes sont Janvier et Février avec « seulement » 4 à 5 jours d’orage dans le mois. Les orages frappent préférentiellement l’après-midi , entre 14h00 et 18h00, au moment du pic de chaleur et de convection.

Tout et tout le monde ici y est exposé même le Merlion qui a été foudroyé en février 2009 ; l’impact de foudre y avait fait un trou de la taille d’un ballon de foot et le Merlion avait dû être fermé plusieurs jours pour réparation. Heureusement, pas de victime ce jour-là !

Et pourtant malheureusement, la foudre fait des victimes chaque année, peu mais c’est toujours trop : entre 1 et 3 décès par an. Sans doute bien pus de blessés. Et presque à chaque fois, les personnes se trouvaient dehors, mal protégées ou trop exposées.

Comment prévoir l’arrivée de la foudre ?

Les signes évidents : le vent qui se lève brutalement, un ciel qui s’assombrit, des cumulo-nimbus qui s’accumulent. Moins évidents : les cheveux qui deviennent « électriques » et se hérissent sur la tête, une petite décharge en touchant un objet métallique pointu.

Mais surtout, le bruit du tonnerre : Le danger est majeur quand il se passe moins de 3 secondes entre l’éclair et le coup de tonnerre (l’orage est à moins de 1 km). Le danger est grand quand le délai est de 15 secondes (orage situé à moins de 5 km).

Le LFS est équipé d’un dispositif de repérage du risque foudre bien avant que l’orage ne soit en approche. Quand cette alarme sonne, les élèves doivent cesser à l’instant même toute activité extérieure et rentrer se mettre à l’abri. Ça vaut aussi pour la piscine.

Quels sont les risques dehors?

Tout plan d’eau (piscine, mer, mare), les arbres, les arbustes, les rochers, une cabane , une clôture ou un portail métallique, un pylône, un club de golf, un vélo, une trottinette, bref tout ce qui dépasse en hauteur sur une surface plane et tout ce qui est conducteur d’électricité. Alors quand un enfant rentre de l’école sous l’orage, on lui ouvre le portail avant et on lui recommande de NE PAS toucher le portail !

Comment se protéger quand on est dehors ?

Quand on est en groupe, on se place à au moins 3 mètres les uns des autres (donc on ne se donne pas la main ! En même temps, à 3m, c’est un peu compliqué à moins d’avoir des bras de pieuvre).

On s’éloigne de tout ce qui forme aspérité : rocher, cabane, arbre, arbuste, sculpture, pylône ou de ce qui est conducteur d’électricité (piscine, mer, mare, vélo, trottinette, clôture, portail de métal, etc).

Si on ne peut pas rejoindre un bâtiment, on se met en position accroupie, pieds serrés, les bras autour des genoux et la tête baissée rentrée dans les épaules. On aura pris soin d’enlever tout ce qui contient du métal et qui est au-dessus de nos épaules (bijoux, téléphone mobile, écouteurs, casque, lunettes) et de les jeter à distance ou de les mettre dans son cartable qui lui-même sera placé à au moins 3 mètres de soi. Si on a un ciré avec soi, on peut l’étendre au sol et se mettre dessus, toujours dans cette position accroupie.

Si on est en vélo ou trottinette (ou moto), on descend de son engin et on s’en éloigne d’au moins 3 mètres. Car la gomme des pneus ne protège pas du foudroiement, c’est un mythe !

On cherche ses tongs à toute vitesse et surtout, on ne marche pas pieds nus sous l’orage !

Et dans la maison, est-on à l’abri vraiment ?

Pas totalement. Mais la protection anti-foudre des bâtiments à Singapour est très intéressante : la foudre ici est si fréquente et puissante que les « paratonnerres » courants en France seraient parfaitement dépassés. Singapour utilise un système astucieux (qu’un ingénieur saura vous expliquer bien mieux que moi, chacun ses compétences !) : pour les maisons individuelles, il s’agit d’une lame de cuivre qui ceinture toute la maison à hauteur du bas du toit avec le moins de coudes possibles. Cette ceinture descend ensuite verticalement dans le sol, à nouveau sans coude car il faut que ce soit en droite ligne. Et si vous observez les toits des maisons, vous y trouverez à chaque angle du toit ainsi qu’aux extrémités du faîtage des piques placées pointe en haut genre aiguilles à tricoter : elles sont chacune reliée par un câble conducteur à la ceinture de cuivre. Ce système n’empêche bien entendu pas la maison d’être foudroyée mais la foudre sera conduite à la terre efficacement. Par ailleurs, le béton armé et les tuyauteries de cuivre conduisent aussi la foudre vers le sol.

Malgré cela, certains risques persistent dans une maison : pendant un orage, on ne prendra ni douche, ni bain ; on n’utilisera pas un robinet. On ne s’appuie pas aux murs de béton et on ne s’allonge pas au sol. Et si on veut protéger ses appareils électriques et électroménagers, on les débranche, on les déconnecte et on place les prises de branchement à plus de 40 cm du mur (la foudre tombe sur une maison, c’est tous les appareils d’un coup qui sont morts, la foudre ne choisit pas ses cibles !).

Que faire si une personne est foudroyée devant nous ?

Le foudroyé n’est PAS porteur de charge et peut être touché. On suivra le protocole PAS « Protéger, Alerter, Secourir » dans cet ordre:

Protèger : on éloigne tout ce qui peut mettre en danger la victime ; on ne le déplace pas (possibilités de blessures internes graves provoquées par la foudre). On évalue aussi la personne : est-ce qu’elle répond (lui demander son nom, lui demander de serrer votre main). Si elle ne répond pas, est-ce qu’elle respire (observer le thorax, écouter en mettant l’oreille sur son visage, et sentir si on sent un souffle d’air sortir de son nez ou sa bouche).

Alerter : ici le 995 ambulance (bien préciser “ambulance with paramedics”)

Secourir : si la personne ne respire plus, on doit démarrer un massage cardiaque avec défibrillation*. On n’arrête que lorsque les secours sont à nos côtés, prêts à prendre le relai sans aucune seconde d’interruption entre nous et eux. Si la personne respire, on reste auprès d’elle en attendant les secours et on vérifie sa respiration toutes les minutes. Si elle est consciente, on lui parle et on la fait parler constamment de façon à déceler immédiatement toute plongée en somnolence.

*si on n’est pas formé, on aura pris soin de télécharger l’appli « First Aid with British Red Cross » sur laquelle on trouvera la video de ces gestes qui sauvent.

Quelques mythes à faire tomber :

  • Un foudroyé peut être touché : il ne porte pas de charge électrique.
  • Les semelles gommes de mes chaussures me protègent : c’est FAUX ! La puissance de la foudre est telle que l’épaisseur d’une semelle gomme sera toujours trop mince. Idem pour les pneus de vélo, de voiture ou de moto.
  • Les plans d’eau attirent la foudre : c’est FAUX ! (seules les aspérités et reliefs attirent la foudre) mais les plans d’eau sont conducteurs. Donc on peut être électrocuté même si la foudre est tombée loin de nous sur le plan d’eau.

 

Pour en savoir plus, je vous recommande :

Les explications et recommandations de la National Environment Agency de Singapour ici

La carte des éclairs en temps réel (fascinant !) ! ici 

Les explications du service de météo US ici

La « World Lightning map » de la NASA ici

Il court, il sue, il tombe (histoire vraie)

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Ce post pour vous parler du coup de chaleur de l’exercice, enfin c’est comme ça que les médecins appellent cet effet super dangereux de la chaleur sur le corps et qui peut arriver à n’importe qui, surtout jeune et en forme, la preuve ci-dessous.

(cette histoire vraie est tirée d’un cas clinique authentique proposé en Mai 2010 dans la Revue du Praticien Médecine Générale par les Dr L Garcia et MH Groff sous le titre « Cross à risque »).

C’est l’histoire d’un type jeune, 25 ans, sportif, coureur de fond, très entraîné, hygiène de vie sans défaut,  sans antécédent médical, bref en bonne santé et sain de corps.

Voilà qu’il participe à une course de fond, 15 km, a priori tranquille pour lui. Comme d’hab quoi. Une course de plus à son compteur bien rôdé. Sauf que ce jour-là, il fait 29°C dehors et pas un souffle de vent. J’oubliais de préciser: ça se passe en France, en Bretagne. Bon, 29°C, c’est chaud (surtout pour la Bretagne!) mais ça reste en-dessous du seuil des 32°C de la peau qui permettent une bonne transpiration, donc un bon contrôle de la température intérieure du corps (voir mon post « les chocs du chaud » si vous l’avez loupé). Et puis 29°C, c’est pas non plus les 32°C et plus de Singapour avec 80% d’humidité!

Sauf que pour notre athlète, l’histoire va tourner court: au bout de 30 minutes de course (les runners sauront me dire combien de km ça faisait environ), il s’écroule dans le fossé; il est conscient, il parle mais ses propos ne tiennent pas la route (pas plus que ses  jambes) et les secours sont appelés. Le médecin qui s’occupe de lui lui trouve une fièvre à 40,2°C, une tension dans les chaussettes, un cœur qui bat la chamade (150 / minutes tout de même!) et une peau sèche, archi sèche, pas une goutte de transpiration. Inutile de penser à une grippe pour la fièvre ou à une autre infection sournoise.

Fièvre au-dessus de 40°C

+

Tension en dessous de 100 (oui les anglo-saxons disent 100 mmHg ; les français s’acharnent à vouloir faire original en disant « 10 » qui correspondent à …du snobisme médical!)

+

rythme cardiaque élevé

+

peau sèche (zéro transpiration)

=

coup de chaleur de l’exercice (CCE)

Le CCE, c’est quoi, quand et chez qui?

Pas besoin qu’il fasse très chaud dehors: la température extérieure n’est pas le plus grand risque. En revanche, une humidité ambiante supérieure à 75% et l’absence de vent sont les gros responsables côté météo. Les personnes à risque? Toujours des jeunes bien entraînés, en très bonne condition physique, qui ne s’écoutent pas trop (ben oui, les autres, les pas entraînés, ils vont souffrir +++ et les signes précurseurs, ils vont les ressentir tellement fort qu’ils vont s’arrêter avant les gros dégâts!). Pourtant, le CCE prévient parfois (pas souvent, seulement 1 fois sur 5): ça peut commencer par une soif intense, des crampes, un mal de tête, des nausées, une sensation d’avoir trop bu. Alors, prochain footing au Mac Ritchie, on s’écoute, ok? Parce que si vous êtes dans ce cas là, facile: on s’arrête tout de suite de courir, on se met au frais (dans la clim), on s’allonge et on boit, on boit, on boit, de l’eau (of course!) et si elle est un peu salée genre Badoit ou San Pellegrino, c’est encore mieux (et surtout pas de boissons qui contiennent du sucre type « 100+ », ça aggrave le cas). Je vous ai dit 1 fois sur 5 les signes annonciateurs. Donc ça veut dire que 4 fois sur 5 (ça fait beaucoup!), le CCE ne s’annonce pas; il vous tombe dessus sans crier gare, comme ça en quelques minutes.

Le CCE, c’est une fièvre hyper élevée, qui peut grimper à 42°C, une peau brûlante, sèche, cyanosée par endroits. Les muscles sont durs et douloureux. Vomissements et diarrhée peuvent s’ajouter au tableau. L’urine (s’il y en a) prend une couleur « huile de vidange », sympa, non? La respiration peut être haletante, rapide, et même irrégulière (alors là, les secours préparent les grands moyens genre défibrillateur, vous voyez la scène?).

Et le CCE est une archi urgence: il peut mal tourner en quelques minutes ou heures. Les secours vont poser une perfusion, mettre sous oxygène au masque et doivent transporter le blessé couché dans un véhicule climatisé vers l’hôpital le plus proche (bon à Singapour, tout est proche, donc la distance Mc Ritchie SGH, ça reste acceptable!).

Sinon le CCE, ça peut s’éviter. Et là je ne résiste pas : je vous livre les recommandations des auteurs de ce cas clinique qui n’ont sans doute jamais vécu en Asie sub tropicale et sans doute encore moins couru ici et qui n’ont sans doute pas échangé avec leurs collègues en charge de la surveillance des JO de la jeunesse à Singapour il y a quelques années! (juste pour vous montrer combien parfois il y a déconnexion entre la théorie et la pratique, entre le médecin et son patient…). Je cite « pas d’épreuve sportive lors des périodes les plus chaudes et les plus humides, surtout en l’absence de vent, ou adaptation aux contraintes de l’environnement (horaires, durée) ».

On en retiendra malgré tout qu’il est indispensable de savoir reconnaitre les signes précurseurs des effets de la chaleur sur le corps et, le cas échéant, de s’arrêter tout de suite et de filer se mettre au frais : on est tout de même mieux chez soit qu’à l’hôpital, non?

Alors pour mémoire:

  • Step 1: coup de soleil (rougeurs, douleurs, fièvre, mal de tête)

 

  • Step 2: les crampes de chaleur (heat cramps) transpiration importante, douleurs musculaires typiquement à l’arrêt de l’exercice physique

 

  • Step 3: l’épuisement dû à la chaleur (heat exhaustion) Transpiration ruisselante, profuse; fatigue; sensation de faiblesse; peau froide et pâle; mal de tête; vertiges; évanouissement; vomissements; respiration rapide, haletante; Fièvre entre 38°C et 40°C;

 

  • Step 4: le coup de chaleur (heat stroke) Aucune transpiration – Peau brûlante – Fièvre très élevée – confusion mentale – perte de connaissance (ça peut commencer par ça sans aucun autre signe) – Convulsions – Coma – Vomissements, diarrhée

Vous êtes prévenus… Alors courez maintenant!

 

36°C sous abri: ALERTE SURCHAUFFE!

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“The Meteorological Service Singapore issued an advisory (15 March 2016) stating that the second half of March 2016 is expected to be drier and warmer than that experienced in the first fortnight of the month. During this period, the daily maximum temperatures are expected to range between 33°C and 34°C, and could reach a high of around 36°C on a few days. The warmer conditions that we are experiencing are due the continuing influence of the El Nino and the presence of a dry and warm air mass over the region. The occurrence of the equinox is another contributing factor to the warm temperatures during this time of the year. Despite the drier conditions, short-duration thundery showers in the afternoon on four to six days can still be expected over parts of Singapore, due to strong solar heating of land areas and convergence of winds in the surrounding vicinity.”

Et oui! Le thermomètre risque d’atteindre les 36°C sous abri! La bonne nouvelle? Le taux d’humidité devrait baisser mais très franchement, ça ne change rien aux problèmes que ça soulève ! Je vous explique tout, les conséquences et ce qu’il faut faire…ou pas.

 

Déjà, les conseils : lesquels suivre ?
On s’en tiendra à ceux de la NEA ou du Ministère de la santé (MOH) ou ceux que je propose ici, les trois formant un tout cohérent et sans contradiction, c’est un bon point !
La NEA et le MOH suivent les protocoles internationaux de prévention du coup de chaleur:
1. Wear loose-fitting, heat permeable and light coloured clothing
2. Drink fluids to stay hydrated
3. Take more breaks between activities
4. Reduce outdoor activities during the hottest time of the day or stay in the shade
5. Sponge with cool or ice water
6. Plan your sport and exercise activity in the cooler hours of the day
7. Watch for early symptoms[2] of heat-induced illness and seek medical attention if the condition persists or worsens –


« Fluids« , c’est quoi précisément?

« Fluids » désigne de l’eau sous toutes ses formes : eau de boisson, eau de la soupe, eau du biberon, eau du thé non sucré, eau du café non sucré, eau de la pastèque ou du melon, etc. En revanche, ça ne désigne pas les boissons sucrées (soft drinks) pourtant fabriquées avec de l’eau ; en effet on évitera à tout prix le sucre ajouté (donc pas celui du fruit). Les produits de type « 100+ » sont à bannir !
La raison est un peu compliquée mais je me lance et je vais quand même vous l’expliquer. Quand on boit de l’eau pour s’hydrater, il ne suffit pas qu’elle aille dans l’estomac et dans la circulation sanguine ; le plus important est qu’elle puisse passer dans les cellules en traversant des barrières (parois des cellules). Et cette traversée n’est en rien automatique : schématiquement, l’eau se déplace toujours du compartiment le moins sucré vers le compartiment le plus sucré (pour les fans de chimie, on parle d’osmolarité et non pas de « sucré ») sous le total contrôle des reins. Or une boisson sucrée est toujours bien plus sucrée que l’intérieur de nos cellules. Alors, lorsqu’on remplit notre estomac d’une boisson au cola bien sucrée, l’eau ne pourra pas entrer dans les cellules, c’est même pire que ça ! L’eau qui se trouvait dans nos cellules va traverser la paroi dans le sens inverse pour quitter les cellules et rejoindre le compartiment où se trouve la boisson sucrée pus les urines: nos cellules vont perdre leur eau. Une cellule qui perd de l’eau ? Ca s’appelle déshydratation. Exactement le contraire de ce qu’on voulait en buvant.
Alors, quand il fait très chaud, on boit de l’eau sans sucre ! Quant à ceux qui véhiculent l’idée qu’il ne faut pas d’eau pure, ne les écoutez pas ! Il faut une eau minéralisée, même faiblement (un minimum de 400 mEq/L est un bon seuil ; voir à ce sujet mon post sur l’eau de boisson). L’eau du robinet à Singapour n’est quasiment pas minéralisée (moins de 200 mEq/L et à peine un peu de fluor mais ni sodium, ni calcium, ni rien d’autres !).

 

Mais quelle quantité de « fluids » ?

Vous noterez que les recommandations ci-dessus ne parlent pas de quantité. Et c’est bien normal car nous avons un instrument formidable pour définir la quantité d’eau qu’il faut boire. Cet instrument, c’est la soif.
Oui mais…la soif ne suffit pas toujours, en tout cas pas pour tout le monde.

Pour le bébé qui est allaité 100%, son régulateur soif fonctionne super bien : aucun besoin de lui donner de l’eau, il faut juste le mettre plus souvent au sein.

Pour tous les bébés, enfants, ados, adultes en bonne santé, il faut écouter sa soif, boire dès qu’elle se manifeste et sinon proposer plus souvent de l’eau sans jamais forcer. Mais le régulateur soif peut parfois se déclencher un peu trop tard : c’est le cas pour tous ceux arrivés récemment à Singapour, qui sont nés en pays tempéré et y ont toujours vécu. Pour eux, il faudra boire AVANT de ressentir la sensation de soif. Vous allez me demander combien de temps dure cette période d’adaptation au climat chaud de Singapour ? Au bout de combien de temps le régulateur soif a retrouvé ses marques et se déclenche au bon moment ? Et bien pas de réponse à cette question : je ne l’ai pas trouvée dans la littérature médicale. Mon observation depuis 10 ans me conduit à noter que chez quelques personnes, le régulateur soif ne s’adaptera jamais.

Pour tous les sportifs, nés ou pas en pays tempéré, arrivés récemment ou pas à Singapour, dès que l’activité extérieure dépasse les 30 minutes, il faut prévoir de boire abondamment (donc plus que la soif et là aussi, il n’y a pas de quantité prédéfinie) avant, pendant et après le sport. Et pour eux, on préférera une eau un peu salée de type Badoit, San Pellegrino. Et toujours pas, surtout pas de 100+ !! Pour eux, la sanction sera immédiate et incontournable s’ils ne boivent pas suffisamment : entorse, claquage musculaire, tendinite, déchirure ligamentaire, crampes sont tous des conséquences directe du manque d’eau dans leurs cellules !

Pour les personnes âgées (pas d’âge précis mais disons schématiquement au-dessus de 75 ans pour ceux sans aucun problème de santé, dès 60 ans pour les autres), le régulateur soif est TOUJOURS détraqué : ces personnes ne ressentent plus du tout la soif comme lorsqu’ils étaient plus jeunes. Et ils ne s’en rendent pas compte. C’est le seul cas où il est bon de noter le volume d’eau absorbée et de s’assurer qu’on atteint un minimum, tout compris de 1,5L/jour. Alors si vos parents viennent vous rendre visite, prévenez-les et ayez un œil vigilant !

 

Et si je ne bois pas assez, que se passe-t-il ?

Je vous renvoie à mon précédent post « les chocs du chaud » où je détaille tout ce qu’il peut arriver. Et le MOH a édité un document spécifique au coup de chaleur, accessible ici.

J’y ajouterai la vasculite d’effort ou purpura d’effort. C’est une éruption assez impressionnante, rouge ou violacée, sans œdème, qui peut démanger parfois, et qui apparaît sur les mollets, au-dessus de la ligne des chaussettes, à la suite d’une randonnée prolongée par forte chaleur. Elle disparaît en quelques jours et il n’y a pas de traitement. Elle peut récidiver et il n’y aura toujours pas de traitement !

Voilà, vous savez tout maintenant sur ce qu’il faut faire quand il fait très chaud :

Boire AVANT la soif et PLUS QUE la soif !

Le VO / VF des médicaments pour 200 pays

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Comment trouver l’équivalent local de votre traitement prescrit en France?
Sous quel nom est-il prescrit et vendu?

Parfois la dénomination internationale ne suffit pas (Ainsi le nom paracétamol n’est international que…chez nous! En pays anglophone, on dira « acetaminophen ». Et le Doliprane ou Dafalgan seront vendus sous le nom de Tylenol ou Panadol ou bien d’autres encore selon le pays où il est commercialisé)

Pour pouvoir trouver son traitement quand on voyage, pour réussir à communiquer avec un médecin local, pour être sûr de ne pas se tromper sur le nom exact de la molécule, il existe désormais une application créée par un pharmacien franco-israélien, Daniel Elbaz, disponible sur Apple Store: Convert Drugs Premium.
Pour chaque molécule, on trouve une liste de pays, on choisit le pays et on obtient son nom local et son écriture s’il s’agit d’une écriture non latine (chinois, japonais, thai, hindi, etc)
Venu du monde de l’humanitaire, M Elbaz a été finaliste pour les trophées des français de l’étranger 2016 avec son application (mais il n’a pas gagné).

Je trouve l’idée géniale et c’est pourquoi j’en parle ici.
Je n’ai aucun lien avec M Elbaz; je ne le connais pas.
Il faut souligner que cette application est gratuite pour les ONG et payante pour le grand public (7,99€)

Quand la mer est maléfique : méduses et physalies sous les tropiques

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Les mers qui nous entourent à Singapour regorgent de créatures marines magnifiques qui transforment la plus simple des sorties masque et tuba en un fabuleux film animalier. Oui mais…il est des rencontres qu’il faut éviter à tout prix avant que le féérique ne devienne maléfique. Le point sur 2 espèces à fuir : la physalie et la méduse boîte, deux dangers extrêmes dans des corps de rêve !

Quels sont leurs petits noms ?

POUR LA PHYSALIE, on l’appelle aussi en français la galère portugaise ou la vessie de mer (du fait de sa forme). En anglais, on dira « Portugese man-of-war » ou « Blue bottle ». Son nom scientifique est Physalia physalis.

POUR LA MEDUSE-BOITE, dite aussi cuboméduse, les médecins parleront aussi de «guêpe de mer » en français et de « sea wasp » en anglais. Mais elle est plus connue dans le monde anglo-saxon sous le nom de « box jelly fish ». Son nom scientifique est Chironex fleckeri.

 

Comment les reconnaître ?

La PHYSALIE est composée d’un corps d’environ 30 cm de longueur, en forme de grosse olive (ou ballon de rugby) transparente à la crête multicolore (c’est superbe !) sous lequel se trouvent des tentacules qui sont infiniment longs : jusqu’à 50 m! Ils peuvent avoir une allure de collier de perles. Ceci donne à la Physalie une allure de méduse ce qu’en réalité elle n’est pas du tout selon la classification des espèces.

La MEDUSE-BOITE doit son nom à son corps transparent cubique qui mesure une vingtaine de centimètres (la longueur d’une main ouverte). Des 4 coins de la « boîte » sortent 4 pieds qui portent chacun 15 tentacules transparents aussi, soit 60 tentacules au total, chacun mesurant environ 3 mètres pour une épaisseur de seulement 6 mm (plus fin qu’un petit doigt !).
Les tentacules de la physalie et de la méduse-boîte portent une infinité de cellules venimeuses qui s’accrochent à leur proie grâce à un système de harpon. Seules les tortues vertes résistent aux méduse-boîtes.

Où sont leurs territoires de prédilection ?

Les mers chaudes indiscutablement, à commencer par les rivages de l’Australie et le réchauffement des mers leurs offrent de nouveaux horizons.

Les PHYSALIES se retrouvent sur les côtes australiennes et néo-zélandaises particulièrement en Juin, Juillet et Août. Elles vivent également dans les autres mers chaudes tropicales du globe et elles sont remontées jusqu’en Europe et notamment en France sur la côte aquitaine (885 envenimations en 2011, aucun décès).

La MEDUSE-BOÎTE est originaire d’Australie mais elle remonte désormais vers l’Asie du sud-est : elles ont été vues à Bintan (un enfant français en a été victime il y a quelques années) et jusqu’en Thaïlande où une touriste allemande est décédée en 2015 des suites d’une attaque. Une particularité : la méduse-boîte se reproduit dans les rivières (comme les saumons !) ; on peut donc en trouver à l’embouchure de rivières, en eau douce.

Comment se déplacent-elles ?

Les PHYSALIES se laissent flotter à la surface de l’eau. Leur corps transparent à la crête multicolore dépasse de l’eau et se voit donc, dérivant au gré des vents et courants, tel un vulgaire sac plastique gonflé d’air ! Face à un danger, la Physalie peut plonger brièvement.

La MEDUSE-BOÎTE nage dans des eaux peu profondes. Elle est attirée par la lumière : mais elle se tapit dans l’ombre pour capturer ses proies (petits poissons). En cas d’orage, elle plonge profondément pour se mettre à l’abri. Des amateurs de kayak des mers en ont vu sur les côtes ouest de la Thaïlande en 2015.

 

A quoi ressemble une attaque ?

En réalité, ces créatures ne nous attaquent pas : l’homme n’est pas une proie pour elles. Mais elles se défendent dès lors que nous empiétons sur leur territoire : 6 mètres de diamètre pour la méduse-boîte et jusqu’à 100 mètres pour la Physalie !
L’accrochage de leur harpon venimeux se fait grâce à une molécule chimique que poissons, crustacés et …l’homme possèdent à la surface de leur peau. Porter une combinaison en lycra cache cette molécule et empêche l’attaque.
Mais une fois accrochés, chaque petit harpon peut libérer ou non son venin. Au moment de la piqûre, la douleur au point de piqûre est immédiate et d’une immense intensité, pouvant provoquer non seulement une panique du nageur mais parfois aussi une perte de connaissance.
Il faut noter que les tentacules restent venimeux très longtemps après la mort de l’animal, même s’ils sont décrochés du corps : donc on ne ramasse pas à mains nues des morceaux de tentacules trouvés dans le sable !

 

Quels sont les signes de l’envenimation ?

Pour la PHYSALIE , tout commence donc par une très violente douleur locale. Dans les heures qui suivent, on peut voir apparaître une éruption de papules (bouton rouge plat ou légèrement surélevé et qui s’efface si on appuie dessus) blanches en collier de perles qui suivent les zones de contact avec les tentacules. Dans un petit nombre de cas (15%), on peut voir apparaître dans les 30 minutes à 2 heures qui suivent les signes de la toxicité neurologique du venin : angoisse, frissons, douleurs de ventre, nausées, vomissements, douleurs thoraciques, difficultés respiratoires, crampes musculaires, larmoiement, grandes suées, tout ceci pouvant aller jusqu’au grand choc allergique (choc anaphylactique) ou un trouble de la coagulation, une atteinte rénale ou encore une défaillance cardiaque.

Pour la MEDUSE-BOÎTE, la douleur de la piqûre est également épouvantable et immédiate. Le venin passe quasi instantanément dans la circulation et peut tuer en moins de 4 minutes. Cependant, il faut pour cela une grande longueur de tentacules en contact avec la peau : 30 mètres selon le chercheur W. Hamner ; il avait lui-même été piqué sur le pouce et n’avait eu que douleur (atroce et qu’il n’oubliera jamais témoigne-t-il) et cicatrice au point de contact sans atteinte plus grave. Les signes d’atteinte grave seront les mêmes que ceux de la Physalie ci-dessus.

Dans les deux types de piqûre, les cicatrices laissées sur la peau seront des marques à vie, indélébiles (une petite atténuation avec le temps est possible pour les Physalies).

 

Que faire immédiatement en cas de piqûre de PHYSALIE?

  1. Sortir la victime de l’eau le plus calmement possible (tout mouvement brutal ou de panique peut augmenter la quantité de venin injectée par les tentacules)
  2. Appliquer de la mousse à raser sur la surface piquée par-dessus les tentacules
  3. Soulever les tentacules recouverts de mousse à raser avec un carton rigide de type carte bancaire en allant de l’extrémité des membres vers le haut
  4. Rincer avec une solution d’eau légèrement salée type sérum physiologique (1L d’eau bouillie avec une cuillère à café de sel de cuisine)
  5. Puis appliquer des compresses chaudes ou froides selon ce que supporte la victime

Ce qu’on ne fait surtout pas en cas de piqûre de physalie!
1. Toucher les tentacules à mains nues
2. Utiliser du vinaigre
3. Faire boire la victime

Que faire immédiatement en cas de piqûre de méduse-boîte?

1. Mettre des gants type gants de vaisselle (les gants de chirurgie sont trop fins pour le harpon)
2. Sortir le blessé de l’eau le plus calmement possible et l’allonger sur le sable, bras et jambes écartés (que les tentacules ne touchent pas une autre partie du corps)
3. Arroser abondamment les tentacules au contact de la peau avec du vinaigre blanc
4. Soulever délicatement les tentacules arrosés de vinaigre
5. Jeter les tentacules enlevés dans un sac plastique
6. Désinfecter à l’aide de chlorhexidine (mais ce n’est pas une priorité !)
7. On ne donne ni à manger, ni à boire à la victime

Bon à savoir : toutes les autres sortes de méduses seront traitées comme la méduse-boîte : avec du vinaigre !

Ce qu’on ne fait surtout pas en cas de piqûre de méduse-boîte!
1. Toucher les tentacules à mains nues
2. Frotter les tentacules avec du sable
3. Utiliser autre chose que du vinaigre (j’ai tout entendu y compris l’urine !!)
4. Faire boire la victime

Ensuite, pour toutes les piqûres, quel que soit l’animal en cause, on surveillera pendant 24h:

1. Rythme cardiaque (entre 60 et 80 / minutes et régulier, mesuré dans le cou)
2. Fréquence respiratoire (entre 12 et 20 / minutes, régulière, mesurée en plaçant le doigt sous le nez ou la bouche)
3. La conscience (en faisant parler constamment la victime)
4. Transporter dans le grand hôpital le plus proche (Singapour, Bangkok, Hong Kong en Asie du sud-est ; en Australie, tout hôpital ou service de secours)
5. En cas d’anomalie, on appelle des secours médicalisés avec transport héliporté (via sa compagnie d’assistance liée à sa compagnie d’assurance) : mis à part en Australie et NZ, les secours locaux sont en général incompétents. On entreprend une réanimation de type CPR et si on n’a pas été formé, on suit les videos de l’application First Aid de la British Red Cross (pour les adultes ici, pour les bébés et enfants ici)

Conclusion :

En Asie du sud-est, on part en vacances en bord de mer avec :
• Un maillot Lycra manches longues minimum (mais jambes longues aussi, c’est mieux encore)
• 1 ou 2 L de vinaigre blanc
• 1 bombe de mousse à raser
• 1 paire de gants de vaisselle
• Un peu de sel de cuisine
• Des consignes aux enfants de ne JAMAIS toucher un animal marin échoué sur le sable sans l’avis d’un adulte !

NB : ces 2 espèces ne sont pas protégées car elles ne sont pas considérées comme en danger ni en voie de disparition.

Ressources :

• HAMNER W. 1994. A killer down under (Australia’s box jellyfish). Nat Geo 186, 2. http://aresub.pagesperso-orange.fr/medecinesubaquatique/cubomeduses.htm (version en français)
• Poulard A et al. 2013. Gare à Physalia physalis. Rev Prat Méd Gén 27 (905) : 543-44
• Guillet G. 2010. Pathologie marine cutanée. Rev Prat Méd Gén 24 (844) : 502-3
• Encyclopedia of Life : http://www.eol.org
• Par respect du droit d’auteur, je ne publie pas de photos. Vous les trouverez en faisant une recherche d’images sur google avec les noms suivants : Physalia physalis et Chironex fleckeri

VOUS SONGEZ à PLONGER?

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[Plongeurs chevronnés, ce post n’est pas pour vous…vous savez déjà tout bien sûr !]

Vous avez fait quelques plages du coin…vous vous êtes mis au snorkeling (masque et tuba) et maintenant le Padi vous démange ? Avec les nombreux spots de plongée magnifiques qu’abrite l’Asie du sud-est, ce n’est pas surprenant !

Alors voici quelques recommandations de la société française de médecine des voyages. Je parle ici d’adultes (donc plus de 15 ans et 4 mois selon la loi française ! ). Pour les enfants, je vous laisse voir avec votre médecin préféré !

Qui peut plonger ?
Tout le monde sous réserve d’être en forme, ça tombe sous le sens ! Il y a tout de même des contre-indications qui sont soit temporaires (phlébite, problème de tympan, grossesse, prise de certains médicaments, tout ça à discuter avec votre médecin traitant) soit définitives (asthme, épilepsie, certains problèmes cardiaques et drépanocytose). Mais on peut n’avoir aucune contre-indication et pourtant avoir des facteurs de risque d’accident : hypertension artérielle, tabac, surpoids et …déshydratation très fréquente et souvent insoupçonnée sous nos latitudes bien chaudes (la déshydratation, ce n’est pas toujours la soif, voir mon post à ce sujet).

Où plonger ?
Je l’ai dit en intro, les spots sont nombreux mais…tous ne sont pas équipés pour traiter les accidents. Les 2 équipements indispensables sont : de l’oxygène en bouteille (en général, il y en a ! Vérifiez-le en demandant si le centre possède un « Emergency Oxygen Kit ») mais surtout il faut à proximité un caisson hyperbare (hyperbaric rescue chamber ou decompression chamber) ; il est la clé du traitement de l’accident de plongée. Le temps de transport jusqu’au caisson conditionne la réussite du sauvetage.

Spots avec caisson hyperbare ?
(Tout change très vite en Asie ! Alors vérifiez ces informations avant de partir !)

  • En Indonésie, à Bali (Sanglah hospital 62-361-227911 through -15 ext. 232), à Lombok (+62 (0)370 6162145, +62 (0)370 6600333) à Surabaya (Military Marine hospital), à Manado au Sulawesi (Malalayang Hospital, Tél: 0811430913), à Makassar toujours au Sulawesi (Rumah Sakit Umum Wahidin Sudirohusodo. Contacter: Pak Daniel Address: Jl. Perintis Kemerdekaan Km. 11, Tamalanrea Kampus UNHAS Indonesia TEL: + 62 – 0411 (584677) et à Jakarta (Navy Hospital).
  • En Thailande à Krabi, Phukett, Koh Tao et Bangkok.
  • Aux Philippines à Quezon city (AFP Medical Center), Cebu city (Viscom hospital) et 4 bateaux de sauvetage sont équipés de caissons (numéro d’urgences 24/7 aux Philippines : +63 26321077). Tous les détails Philippine rescue centers.

Quelques précautions simples

Les plongeurs expérimentés le savent, se connaissent et maîtrisent parfaitement leurs limites. Mais si vous vous lancez, sachez que rhume ou sinusite ne font pas bon ménage du tout avec la plongée ! Un autre piège : la fatigue avec la tentation de surestimer ses capacités « je veux rentabiliser mon séjour, alors j’en profite au maximum, tout de suite, tous les jours et jusqu’au bout ! ». Alors pas à la sortie de l’avion ou avec un décalage horaire, pas plus de 2 plongées par jour et pas d’exercice physique après la plongée. Et un sacré danger à retardement : l’avion et sa pressurisation. Très mauvais le lendemain d’une plongée ! Donc on ne plonge pas la veille du départ…

Une bonne assurance avec un bon assisteur !

Une bonne assurance* ne suffit pas ! Encore faut-il que son assisteur (celui qui évalue puis transporte le blessé) soit équipé. Regardez votre contrat et appelez-le pour vérifier (en anglais : portable hyperbaric rescue unit).
(*) l’assureur couvre vos frais de santé mais…pour aller à votre secours, il n’a pas les compétences ! Donc il s’allie avec un « assisteur » qui possède des plateformes médicales de gestion, traitement, transport et rapatriement des urgences. C’est une partie essentielle de votre contrat qu’on oublie souvent de vérifier.

Et pour apprendre les bons réflexes en cas de suspicion d’accident de plongée, lire ce très intéressant lien : rescue procedures for scuba diving

Bonnes plongées !

Sources: JIM Journal International de Médecine et Société française de médecine des voyages

QUELLES VACCINS pour une HELPER?

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213000 helpers à Singapour, ces jeunes femmes originaires de régions très pauvres des Philipppines, d’Indonésie, de Birmanie, d’Inde, du Sri Lanka et de 9 autres pays d’Asie du sud est. Elles résident obligatoirement chez leur employeur, 7 jours sur 7, 24h sur 24 et y sont au contact de leurs enfants dont elles ont la charge. A ce titre, on peut donc considérer qu’elles exercent un métier « de la petite enfance », terme utilisé en France pour désigner toute personne qui travaille en contact direct avec des enfants de 0 à 3 ans: infirmière en pédiatrie, personnel de crèche, assistante maternelle à domicile, etc.

Ces personnels sont en France soumis à une obligation vaccinale ainsi qu’à des contrôles médicaux et l’OMS a également émis des recommandations vaccinales spécifiques pour les professionnels de santé auxquels ils sont assimilés.

Et pourtant, à Singapour, ni le MOM, ni le ministère de la santé, ni l’équivalent d’une autorité sanitaire n’ont émis de recommandations en ce qui concerne la vaccination des helpers.

Le contrôle médical imposé par le MOM tous les 6 mois se contente de vérifier que la helper n’est ni enceinte, ni porteuse d’une tuberculose pulmonaire (radio des poumons tous les ans), ni porteuse du virus du SIDA, ni porteuse d’une syphilis. Aucun examen clinique n’est demandé. Aucun contrôle des vaccinations non plus. Il ne s’agit en aucun cas d’une visite médicale du travail non plus.

Alors? On fait quoi? Une Maman qui découvrait cette situation m’a dit, horrifiée « mais on a chez nous des bombes à retardement »! Ce n’est pas entièrement faux dans certains cas, je pense notamment à l’hépatite B qui est très présente en Asie du sud-est et n’épargne aucune communauté, pas même celle des helpers bien sûr.

Voici donc des recommandations que je propose ; je me suis appuyée sur les recommandations ou obligations faites aux assistantes maternelles et personnels de la Petite Enfance en France.

AVANT TOUTE CHOSE, je rappelle que la vaccination a 2 objectifs (et non pas un seulement se protéger d’une maladie grave comme on le croit souvent à tort) :
1. Se protéger d’une maladie pour laquelle il n’existe pas de traitement alors que la maladie elle-même, ou bien ses complications sont particulièrement graves, voire mortelles dans certains cas
2. Protéger son entourage car, en étant vacciné, on bloque la dissémination du virus : il « butte » sur nos anticorps et sa folle course de proche en proche est stoppée. Plus il y a de personnes vaccinées dans une population, plus le virus va avoir du mal à se propager jusqu’à disparaître totalement; c’est ce qui est arrivé avec la variole qui a disparu de la surface de la terre ce qui a permis par la suite de supprimer le vaccin.

Vacciner sa helper répond donc à ces 2 objectifs :
1. La protéger
2. Protéger vos enfants

 

LES VACCINS à faire SANS HESITER:
Anti-Diphtérie – Tétanos – Polio – Coqueluche
o Si jamais vaccinée ou vaccination inconnue : 1 dose DTcaP à M1(*), puis DTP (sans la coqueluche) à M2 et M8 et rappel DTcaP 25 ans plus tard [par exemple janvier, février et août];
o Si vaccinée plusieurs fois entre la naissance et 1 an, 1 dose DTcaP à M1, puis DTP à M2 et rappel DTcaP 25 ans plus tard ;(*)M = « mois »
• Anti-Hépatite B :
o contrôle sérologique des anticorps ET de l’antigène Ag HbS ;
o Si Anticorps et antigène négatifs : 3 injections à M1 M3 et M8 ou 2 injections à 6 mois d’intervalle selon le vaccin choisi (à décider sur avis du médecin) ;
o Si anticorps positifs et antigène négatifs : la vaccination sera décidée selon la quantité d’anticorps retrouvée ;
o Si anticorps négatif et antigène positif : prendre un avis médical sans attendre;
Anti-Varicelle :
o après sérologie (recherche des anticorps par prise de sang)
o Si la sérologie est négative : 2 doses espacées de 4 à 6 Semaines ou 6 à 10 semaines selon le vaccin utilisé ;
o Grossesse interdite dans le mois qui suit la vaccination (faire la vaccination quelques jours après l’examen médical du MOM)
o Laisser 1 mois d’intervalle avec l’injection du vaccin ROR s’il est fait aussi ;
Anti-Rougeole – Rubéole (sous forme ROR):
o Il est peu probable qu’elle ait reçu 2 doses dans l’enfance (la 2ème dose après l’âge de 12 mois est payante et c’est très cher);
o 1 injection unique de ROR sans sérologie préalable
o Pas de grossesse dans le mois qui suit
o Laisser un intervalle de 1 mois avec l’injection du vaccin anti-varicelle
Les VACCINS qu’on PEUT AUSSI ENVISAGER:
• Anti-Hépatite A :
o Avec ou sans sérologie (prise de sang)
o 1 injection unique – Rappel 6 à 12 Mois plus tard mais possible jusqu’à 5 ans plus tard

 

Les VACCINS « POURQUOI PAS » mais franchement pas archi nécessaires :
Anti-Grippe (si on était en Europe, à faire sans hésiter mais ici où elle sévit peut, on peut s’en passer)
Anti-Fièvre typhoïde (pourquoi pas si votre helper est amenée à séjourner en zone rurale en Inde)
Anti-Pneumocoque (Si votre helper est asthmatique mal contrôlée ou bien si vous avez un enfant en état de déficit immunitaire et qu’il faut protéger – 1 dose de vaccin 23-valent)
Anti-Méningocoque (Maladie peu présente à Singapour – 1 dose de vaccin anti-méningo C)

Je rappelle qu’il n’existe AUCUN vaccin contre le paludisme (malaria), la dengue et le chikungunya. Seule la lutte contre les piqures de moustiques est efficace. Les helpers n’ont AUCUNE protection naturelle contre ces maladies et sont toutes aussi exposées et vulnérables que vous et moi.

Quelles VACCINS A-T-ELLE PU RECEVOIR dans son ENFANCE?
Aux Philippines il existe un programme national de vaccination de tous les enfants âgés de moins de 1 an ; toute Philippine devrait donc avoir reçu au moins :
• 1 dose BCG (tuberculose)
• 3 doses Hépatite B + Diphtérie + Tétanos + Polio + Haemophilus + Coqueluche + Pneumocoque
• 1 dose de ROR à l’âge de 12 mois (grand risque qu’elle n’ait pas été faite ; de plus, il faut 2 doses pour être bien protégé)
• 1 vaccination anti –rotavirus (virus des gastro entérites)
Au-delà de l’âge de 12 mois, il y a peu de chance qu’elle ait été revaccinée.

 

Je ne dispose pas de l’information pour l’Indonésie, la Birmanie ou l’Inde. Si vous disposez d’un document officiel en anglais pour ces pays, je suis preneuse!

Les noms des vaccins utilisés chez l’adulte :

Anti-Diphtérie-Tétanos-Polio-Coqueluche (DTcaP):
• REPEVAX
• BOOSTRIX-TETRA

Anti-Hépatite B :
• ENGERIX B20
• HBVaxPRO 10
• GENHEVAC B PASTEUR

Anti-Varicelle :
• VARILRIX
• VARIVAX

Anti-Rougeole et Rubéole (obligatoirement associé aux oreillons):
• MMR VAX PRO
• PRIORIX

Anti-Hépatite A :
• AVAXIM 160
• HAVRIX 1440

Anti-Fièvre typhoïde :
• TYPHIM Vi
• TYPHERIX

Anti-PNEUMOCOQUE
• PNEUMO 23

 

Ressources :
Calendrier vaccinal Philippin : lien ici

Recommandations OMS pour la vaccination des personnels de santé: lien ici

Calendrier vaccinal français (INPES): lien ici

Recommandations OMS pour les rattrapages de vaccination : lien ici

Calendrier vaccinal recommandé par l’OMS pour les enfants : lien ici

Intox au MSG

Par défaut

Parmi les motifs d’inquiétude que j’ai pu lire sur les réseaux sociaux à propos de l’alimentation en Asie, revient très souvent le MSG accusé de nombreux maux, craint, redouté et même honni voire haï. Pour vous aider à comprendre ce que cachent ces trois lettres (non ! ce n’est pas le Magnificent Singapore Giant qui n’existe pas encore, quoique…, ni le Madison Square Garden !), voici toutes les informations médicales validées et vérifiables sur le sujet. Comme toujours mes sources sont citées en fin de papier.

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Un peu de chimie et de physiologie d’abord

MSG signifie monosodium glutamate ou encore glutamate monosodique en français (parfois abrégé en GMS). Il s’agit d’une molécule de chimie organique (celle qui s’intéresse au monde vivant et qui contient tout plein de carbone, hydrogène, oxygène et azote) dérivée d’un acide aminé* prénommé acide glutamique ou glutamate, abrégé en « GLU » par les biochimistes. GLU est très présent dans le corps humain car il est un des messagers les plus importants entre nos cellules nerveuses (ou neurones).

Le MSG est donc un « descendant » de l’acide glutamique. Sauf que l’atome de sodium qu’il porte en plus et que son « parent » n’a pas, le rend incapable d’agir sur la transmission nerveuse. Ils ont des structures chimiques et physiques totalement différentes. Et la beauté du fonctionnement du corps humain, c’est que pour un atome de différence entre deux molécules, on n’a pas du tout le même effet ! En bref, dans notre système nerveux, le MSG ne sert à rien !

*Les acides aminés sont les briques essentielles qui composent toutes les protéines de notre corps, celles qui forment la structure de nos tissus et organes (peau, muscle, poumon, veine, etc).

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Un peu d’histoire aussi

Mais alors à quoi sert le MSG si le système nerveux n’en a pas l’utilité ? Et bien il est un étonnant révélateur de saveurs ou exhausteur de goût, exactement comme le sel de table tout simple (le NaCl) que nous ajoutons en cuisine, mais en beaucoup plus puissant. Et cette propriété est connue semble-t-il depuis… des millénaires en Asie ! A l’époque, il s’agissait d’une algue qui était ajoutée à de nombreux plats pour en rehausser la saveur ; mais en ces temps reculés et pendant tous les siècles qui ont suivi, personne ne connaissait encore le MSG. Il a fallu attendre le début du 20ème siècle pour qu’un professeur japonais l’extraie de sa soupe et identifie cette molécule comme responsable de son goût agréable. Très vite, il a trouvé comment fabriquer cette toute nouvelle molécule, a déposé un brevet et, avec ses frères, a commencé à la commercialiser pour l’industrie alimentaire où on la retrouve aujourd’hui sous des noms multiples sinon variés tel le E 621.

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En réalité, le MSG est partout !

J’en vois qui tremblent déjà en lisant cet intertitre ! Pourtant pas de quoi s’affoler : le MSG est présent à l’état naturel dans de nombreux aliments comme les tomates, les raisins, le roquefort, le parmesan, les champignons notamment. Ainsi, il est fort probable que le parmesan saupoudré sur une pizza est sans doute destiné …à rehausser le goût des tomates ! Et les sablés au parmesan? Ajoutez-leur un peu d’origan et vous allez sentir qu’il vous explose en bouche !

Et on trouve le MSG tout aussi naturellement dans de très nombreux ingrédients de fabrication de nos aliments tels la levure, les extraits de soja ou les protéines végétales hydrolysées (qui, soit dit en passant sont elles-mêmes d’excellents exhausteurs de goût !). Ainsi, rien qu’en mangeant, l’être humain que nous sommes absorbe quotidiennement environ 13g de MSG contenus naturellement dans notre alimentation et seulement 0.55g de MSG «exhausteur de goût». Vous avez bien lu : on mange chaque jour vingt fois plus de MSG naturel que de MSG ajouté ! Et le MSG est tellement présent à l’état naturel dans quantités de fruits ou légumes pour ne citer que ceux-là, qu’il est interdit d’étiqueter un produit alimentaire « sans MSG » car c’est tout simplement impossible de garantir l’absence de MSG à l’état naturel !

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Alors ajouté ou naturel, faut-il en faire un fromage?

Un fromage, ce sera difficile, mais un rehausseur de goût certainement et c’est d’ailleurs tout ce qu’on lui demande quand l’industrie agro-alimentaire en rajoute. Mais rappelez-vous aussi que les asiatiques ajoutent sans hésiter des algues…pour le MSG qu’elles contiennent. C’est le même objectif dans les deux cas !

Toute la question est de savoir si en trop grande quantité, le MSG pourrait ou non avoir des effets indésirables et éventuellement dangereux pour la santé. La première chose à avoir présente à l’esprit, c’est de bien comprendre que MSG naturel et MSG ajouté sont strictement identiques chimiquement et physiquement ; impossible de les distinguer. Et c’est pour cela qu’il est également interdit d’écrire sur un produit alimentaire «sans MGS ajouté» car il est impossible de vérifier si cette affirmation est vraie !

Dans ces conditions, pas facile d’étudier les effets du MSG. Mais cela a été fait. Et notamment, un organisme américain indépendant (la société de biologie expérimentale) a étudié le MSG et ses effets éventuels. Ils ont retenu la possibilité de symptômes légers et transitoires de type mal de tête, étourdissement, bouffée de chaleur, picotements, palpitations et sensation d’ébriété qui peuvent survenir chez quelques sujets sensibles qui consommeraient 3g ou plus de MSG sans nourriture ajoutée! Autant dire un cas improbable puisque la quantité quotidienne de MSG ajouté dans l’alimentation est estimée à 0,55g. Parallèlement les autorités américaines en 1988, puis européennes en 1991 puis à nouveau les américains en 1995 ont chacun évalué toutes les études de toxicité réalisées dans le monde et ont conclu à l’absence totale de preuve d’une quelconque toxicité ou dangerosité du MSG. Ces études leur ont permis de définir une dose quotidienne acceptable à 120 mg de MSG ajouté par kg de poids (autrement dit 0,72 g par jour pour une personne de 60 kg). Notez qu’il s’agit d’une dose « acceptable » et pas du tout d’une dose dangereuse ou d’un seuil à ne pas dépasser !

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Pas dangereux, OK mais sous surveillance peut-être ?

Devant un certain nombre d’incidents rapportés sous le nom de « syndrome du restaurant chinois » depuis les années 1970, devant la controverse qui a suivi sur le MSG, devant aussi le fait qu’il peut exister parfois des réactions d’hypersensibilité à la consommation de MSG qui surviennent 20 min après l’ingestion et disparaissent en 2h, il était légitime que les autorités sanitaires du monde entier s’emparent du sujet et statuent sur le sort à réserver au MSG.

Après avoir déterminé avec certitude sur la foi d’études de bonne qualité méthodologique* aujourd’hui disponibles, il a été demandé que l’ajout de MSG (c’est une poudre blanche qui se dissout dans les liquides contenant de l’eau) soit clairement précisé sur tout emballage. Et dans le même temps, la présence de tout autre ingrédient susceptible de contenir du MSG (levures, extraits de soja, protéines hydrolysées, etc) doit être également mentionnée. Ainsi, tout consommateur peut savoir s’il mange du MSG.

En revanche, manger « sans MSG » est chose quasi impossible à moins de supprimer de son alimentation non seulement tous les produits transformés et préparés  par l’industrie agro-alimentaire mais aussi les tomates, le raisin, les produits laitiers, les viandes, les levures, les fromages, je continue la liste? Aujourd’hui, nous disposons donc à la fois d’une information du consommateur via l’étiquetage et de réseaux de surveillance nationaux (ANSES en France, FDA aux Etats-Unis, AVA à Singapour) chargés de collecter toutes les données de tolérance (bonne ou mauvaise) d’un produit de consommation quel qu’il soit.

*comme toujours, il existe aussi des articles scientifiques à la qualité douteuse, comme par exemple cette publication japonaise, financée par le comité technique du glutamate (sic !) et qui conclut au bienfait du MSG sur des patients âgés dont l’appétit pourrait être stimulé et la digestion améliorée sous l’effet du MSG. Cette publication n’est qu’une somme d’hypothèses qui nécessiteraient pour être vérifiées une démonstration par une étude contre placebo en double-aveugle.

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D’où vient l’intox alors ?

Sans doute en partie d’une confusion entre les noms «monosodium glutamate » et « glutamate ». Il ne faut en effet surtout pas confondre le glutamate avec son dérivé, le MSG. Je vous l’expliquais au premier paragraphe, même s’ils sont parents, ils n’ont pas du tout les mêmes propriétés chimiques et biologiques. Et de nombreux articles jouent sur cette ambiguïté de nom.

Ensuite, certains font croire que le MSG naturel est différent du MSG produit industriellement et n’aurait pas les mêmes effets. C’est totalement faux tout simplement parce que ce sont deux molécules strictement identiques sur le plan chimique (pléonasme ici! Mais c’est pour mieux appuyer mon propos !). D’ailleurs la production industrielle du MSG fait appel à des ingrédients tout ce qu’il y a de plus naturels (sucres, mélasses, farines) que l’on fait tout simplement fermenter (procédé lui aussi très naturel). Nul produit chimique ajouté ici !
Et une autre source de confusion : la fameuse sauce soja si fréquente sur nos tables et dans les plats locaux ici ! Oui, elle contient très souvent du MSG dont je rappelle qu’il relève son goût mais aussi qu’il permet d’obtenir ce goût de sel mais…avec beaucoup moins de NaCl (le Na Cl, c’est notre sel de cuisine) ce qui peut être un avantage pour les personnes insuffisantes cardiaques ou rénales, ou sous traitement corticoïdes au long cours (plusieurs mois) et qui doivent impérativement réduire la teneur en sel de leur alimentation. Pour autant, la sauce soja contient de très nombreux autres ingrédients (du gluten par exemple, quoique en voilà encore un qui prend cher en ce moment et de façon sans doute exagérée !) dont chacun peut être responsable d’une réaction d’hypersensibilité, d’intolérance et pourquoi pas d’allergie véritable. Alors avant d’incriminer le MSG, il faut aussi s’intéresser à ses voisins de la liste des ingrédients !

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Finalement, je trie ou je trie pas le MSG ?

Très franchement, en dehors du cas d’hypersensibilité individuelle qui se manifeste par quelques signes d’inconfort transitoires et sans danger, comme il n’a été retrouvé à ce jour aucune toxicité du MSG du type altération du système nerveux central, du fonctionnement du cerveau, ni d’effet cancérigène, quand on sait aussi que le MSG ne traverse pas la barrière placentaire, et qu’enfin les enfants métabolisent le MSG exactement comme les adultes (vous pourrez retrouver la preuve de chacune de ces affirmations dans les ressources bibliographiques notées en bas de cette page), pourquoi vouloir faire la chasse à une molécule somme toute bien ordinaire et à côté de laquelle le sucre, le cholestérol ou le sel sont de redoutables prédateurs incontestables!

D’ailleurs est-ce bien raisonnable de se priver de sauce soja en la remplaçant par le cousin américain du kecap manis* tout en sirotant un coca ?

Allez, bon appétit ! Avec ou sans sauce soja ! (Remplacez-la par du miso japonais… ultra riche en MSG à coup sûr ! Essayez un peu de miso dans une vinaigrette ou dans une soupe et vous noterez combien le goût est plus prononcé …sans avoir non plus le goût du miso, magique, non ?)

*Pour l’anecdote, Monsieur Heinz, qui a vraiment existé, a découvert au 19ème siècle le kecap manis lors d’un voyage en Malaisie. Séduit par ce condiment, il en a rapporté la recette aux Etats-Unis, l’a adaptée pour en faire…son fameux Ketchup ! Ah ! Si les Malais avaient déposé un brevet…En tout cas, c’est l’histoire que m’a racontée un responsable marketing Heinz en France quand je travaillais dans la publicité pour eux. Ok faut pas croire tout ce qu’on raconte mais l’histoire est jolie, non ?

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Ressources bibliographiques:

  • Résumé de toutes les études de sécurité réalisées depuis 1974 dans le monde entier publié dans le journal de la société américaine de nutrition: ici
  • Interview du Pr Fenster (département de chimie de l’université Mc Gill, Canada) : ici
  • Les infos de Santé Canada sur le MSG: ici
  • Un bon résumé ici sur le MSG où l’on apprend que la plus grosse usine de production de MSG se trouve …en France !
  • Et ce papier du Monde du 12 septembre 2014 sur la 5ème saveur, l’umami (nom japonais du MSG!): ici